Introduction

• Présentation de l'auteur, de l'oeuvre et de l'extrait

François Rabelais (1494-1553), écrivain humaniste de la Renaissance, célèbre pour Pantagruel et Gargantua, défend la connaissance, la liberté et l’éducation éclairée.

Dans le chapitre 23 de Gargantua, il oppose l’éducation médiévale rigide à un enseignement humaniste porté par Ponocrates. Cette nouvelle pédagogie valorise la curiosité, l’apprentissage global et l’épanouissement personnel, incarnant pleinement l’idéal de la Renaissance.

2. Lecture de l'extrait

Lors de ton passage à l'oral, tu peux lire le texte à tout moment dans l'introduction. Cependant, beaucoup d'élèves oublient de le faire. Je te recommande donc de lire le texte immédiatement après avoir présenté l'œuvre et l'extrait.

3. Annonce de la problématique

Comment Rabelais illustre-t-il l’idéal humaniste d’une éducation équilibrée entre le corps et l’esprit ?

4. Annonce des mouvements             

I. Une éducation dès le réveil, entre spiritualité et savoir

II. L’observation du monde et la remémoration du savoir

III. Une éducation complète qui inclut l’exercice physique

1. Une éducation dès le réveil, entre spiritualité et savoir

Du début jusqu’à « les passages les plus obscurs et les plus difficiles. »

• Une éducation rigoureuse dès l’aube

- Dès quatre heures du matin, Gargantua suit un emploi du temps strict, reflet d’une éducation exigeante. La négation « ne… pas une heure » et l’usage du passé simple soulignent l’intensité du travail et l’investissement total dans l’apprentissage.

- La lecture des Saintes Écritures marque le début de la journée, associant exercice intellectuel et recueillement spirituel. Le choix du terme sacralisé et la présence du page Anagnostes, dont le nom évoque la lecture, renforcent l’importance du texte dans la formation humaniste.

• Une articulation entre foi et réflexion critique

- L’éducation ne se limite pas à la récitation : Gargantua s’engage pleinement, comme le montre l’énumération des verbes liés à la prière. Sa foi repose sur une véritable réflexion, valorisée par le champ lexical de la compréhension.

- L’enseignement de Ponocrates privilégie une approche analytique : les passages difficiles sont expliqués, liant spiritualité et raison dans un idéal humaniste où le sacré nourrit la pensée critique.

2. L’observation du monde et la remémoration du savoir

De « En revenant, ils considéraient l’état du ciel... » jusqu’à « quand il était complètement habillé. »

• Une ouverture à la nature et à la connaissance du monde

- Après le moment religieux, l’éducation se tourne vers l’observation du réel : Gargantua et son précepteur « considéraient l’état du ciel ». Le verbe « considérer », plus réfléchi qu’« observer », traduit une attention rigoureuse au monde. Cette approche, typique de l’humanisme, valorise une lecture active de la réalité.

- L’étude du ciel s’accompagne d’un vocabulaire scientifique (« signes », « soleil », « lune »), montrant que l’apprentissage dépasse le cadre spirituel. Chez Rabelais, la vérité est aussi dans l’expérience concrète du monde, perçu comme un livre à déchiffrer.

- La richesse de la phrase décrivant cette scène, avec plusieurs subordonnées, reflète la complexité et la précision de cette observation, inscrite dans une pédagogie patiente et méthodique.

• Une remémoration active et vivante du savoir

- Gargantua assimile les leçons de la veille pendant sa toilette, souligné par l'énumération « habillé, peigné, coiffé, apprêté et parfumé »), montrant un lien entre les gestes du corps et l’éducation de l’esprit.

- L’apprentissage est actif et personnel : « lui-même » souligne son implication, et « par cœur » évoque une mémorisation profonde, appliquée à des exemples concrets sur la condition humaine.

3. Une éducation complète qui inclut l’exercice physique

De « Ensuite, (…) toujours en discutant du sujet de la lecture... » jusqu’à la fin.

• La continuité entre le travail de l’esprit et le mouvement du corps

- L’apprentissage ne s’arrête pas aux connaissances intellectuelles : il se poursuit dans l’activité physique, en parfaite continuité. L’adverbe « toujours » et le participe présent « en discutant » montrent que réflexion et mouvement sont indissociables, prolongeant le savoir au-delà de la salle d’étude, dans un esprit humaniste d’ouverture.

- L’éducation humaniste valorise cette association régulière entre corps et esprit. L’imparfait d’habitude « ils allaient faire du sport » traduit une intégration naturelle du sport dans l’apprentissage, sans rupture entre pensée et action.

• Une valorisation du sport comme éducation du corps

  
  

- L’énumération des jeux « balle, paume, ballon » illustre une formation physique équilibrée, en lien avec la nature « Grand Braque », « prés », dans un cadre sain et ouvert, conforme aux idéaux de la Renaissance.

- L’adverbe « élégamment » insiste sur une pratique maîtrisée et harmonieuse, tandis que le chiasme « s’exerçant élégamment les corps, comme ils s’étaient auparavant exercé les âmes » met en miroir l’effort intellectuel et physique, soulignant une éducation globale.

- Rabelais propose ainsi une vision complète de l’éducation, où étude et exercice physique sont complémentaires et permettent l’accomplissement d’un individu libre, équilibré et pleinement épanoui.

Conclusion

À travers la journée-type de Gargantua, Rabelais présente une éducation humaniste harmonieuse, alliant culture du corps, développement intellectuel et formation morale. Plus qu’un simple savoir académique, l’éducation devient un outil d’émancipation et d’épanouissement.

Cet idéal se retrouve chez les philosophes des Lumières, notamment Rousseau, qui valorise aussi une formation naturelle et raisonnée, comme il l’expose dans Émile ou De l’éducation.