1. Outils d’analyse et d’expression
Les différents types de comique au théâtre
📢 Comment les différents types de comique permettent-ils de susciter le rire et de servir la critique sociale au théâtre ?
Le comique au théâtre repose sur plusieurs mécanismes qui visent à provoquer le rire du spectateur. Il ne s’agit pas d’un procédé littéraire en soi, mais d’une manière de construire les dialogues, les situations et les personnages pour créer une dynamique humoristique. On distingue six types de comique principaux.
1. Le comique de geste
Ce type de comique repose sur les gestes, les mouvements et les expressions des personnages. Il inclut les chutes, les poursuites, les gifles, les grimaces ou encore les mimiques exagérées. Ce sont souvent les didascalies qui indiquent la manière dont les acteurs doivent jouer ces scènes.
→ Dans Les Fourberies de Scapin de Molière, Scapin frappe un personnage caché dans un sac : « Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac. »
2. Le comique de mots
Ce comique repose sur l'utilisation du langage de manière humoristique : jeux de mots, quiproquos, accents, fautes de prononciation ou encore niveau de langue inadapté. Certains personnages peuvent bégayer, parler avec un fort accent ou employer un vocabulaire inapproprié.
→ Dans Le Malade Imaginaire de Molière, les noms des médecins sont des jeux de mots : M. Purgon (qui prescrit des purges) et M. Diafoirus (qui évoque les pratiques médicales douteuses de l’époque).
3. Le comique de situation
Ce comique repose sur des situations inattendues, des retournements de situation, des quiproquos ou des malentendus. Le spectateur rit du décalage entre ce que les personnages savent et ce qu’ils ignorent.
→ Dans L’Île des esclaves de Marivaux, les maîtres et les valets échangent leurs rôles, créant ainsi des situations cocasses. Euphrosine, une servante, doit imiter le comportement de sa maîtresse arrogante pour souligner son hypocrisie et la tourner en ridicule.
4. Le comique de caractère
Ce type de comique repose sur l’exagération des défauts ou des traits de caractère d’un personnage. Un défaut est poussé à l’extrême, ce qui le rend ridicule.
→ Dans Le Malade Imaginaire de Molière, Argan est un hypocondriaque obsédé par sa santé au point de se rendre ridicule en suivant aveuglément les prescriptions médicales.
5. Le comique de répétition
Le comique de répétition repose sur la répétition d’un mot, d’une situation ou d’un geste, créant un effet d’accumulation qui déclenche le rire. Ce procédé est souvent utilisé pour souligner l’absurdité d’un personnage ou d’un dialogue.
→ Dans L’Avare de Molière, Harpagon répète sans cesse qu’il ne veut pas dépenser d’argent, ce qui accentue son avarice et le rend comique.
6. Le comique de l' absurde
Le comique de l’absurde repose sur des situations totalement illogiques ou des dialogues dénués de sens. Il est souvent utilisé dans le théâtre du XXᵉ siècle.
→ Dans En attendant Godot de Samuel Beckett, les personnages tiennent des conversations incohérentes et absurdes, ce qui crée un comique particulier.
Petit détour par l’Antiquité… où l’on savait aussi s’amuser !
Savais- tu que les Grecs et les Romains utilisaient déjà le comique de situation et de geste dans leurs pièces ?
Dans le théâtre antique, les acteurs portaient des masques aux expressions exagérées et des costumes grotesques pour accentuer le comique de leur jeu.
Chez Aristophane, célèbre dramaturge grec, on retrouve des situations absurdes et des jeux de mots osés, comme dans L’Assemblée des femmes, où des Athéniennes déguisées en hommes prennent le pouvoir et imposent des lois inédites.
Quant aux Romains, Plaute et Térence ont popularisé le quiproquo, un ressort comique encore utilisé aujourd’hui dans les comédies modernes !
Finalement, le comique que l'on retrouve chez Molière ou Marivaux existait déjà il y a plus de 2000 ans !