
1. Outils d’analyse et d’expression
Les registres littéraires
1. Les registres littéraires et leur utilité
Ils décrivent l'atmosphère, le style, l'impact émotionnel d'un texte et décodent les intentions de l'auteur et les effets recherchés sur le lecteur.
Les registres littéraires permettent de mieux comprendre le sens et la portée d'un texte et d’analyser le style d'un auteur et la manière dont il utilise le langage pour créer des effets spécifiques.
2. Les différents registres
Le registre tragique
Impuissance face au destin, la fatalité, la mort.
Provoquer une émotion forte.
Principalement dans la tragédie, mais aussi ailleurs.
→ Antigone (Sophocle), Roméo et Juliette (W. Shakespeare)
Le registre pathétique
Bouleverser le lecteur, éveiller sa pitié.
Tonalité dramatique ou tragique.
→ À la recherche du temps perdu (M. Proust), Les Misérables (V. Hugo)
Le registre dramatique
Crée une tension, une intensité émotionnelle : angoisse, empathie, excitation.
Situations conflictuelles, suspense.
→ Roméo et Juliette (W. Shakespeare), La Petite Fille aux allumettes (H.C Andersen)
Le registre épique

Héros extraordinaires, exploits grandioses, aventures héroïques.
Crée admiration et exaltation chez le lecteur.
→ L’Iliade (Homère), La chanson de Roland
Le registre lyrique
Poésie chantée avec la lyre.
Évoque les sentiments. Principal registre de la poésie.
→ Les Contemplations (V. Hugo), Les Fleurs du mal (C. Baudelaire)
Le registre polémique
Associé à la critique.
Ton agressif, dénonciation, remise en question, contestation, provocation d'une prise de conscience.
→ Candide, ou l'Optimisme (Voltaire), J'accuse (É. Zola)
Le registre réaliste
Mise en avant des détails de la vie quotidienne.
Sans émotion, "effet de réel". Présent dans des articles de presse, relative neutralité.
→ Germinal (É. Zola), Madame Bovary (G. Flaubert)
Le registre comique
Provoque le rire.
Comique de geste, mot, situation, caractère. Raisonnement par l'absurde, effet de surprise. Surtout utilisé au théâtre.
→ L’Avare (Molière), Le Mariage de Figaro (Beaumarchais)
Le registre ironique
Dire le contraire de ce que l’on pense, tout en laissant des indices qui montrent que l’on ne le pense pas.
Second degré pour établir une complicité avec le lecteur. Dénonciation indirecte.
→ Les Lettres Persanes (Montesquieu), Candide, ou l'Optimisme (Voltaire)
Le registre satirique
Critique virulente et moqueuse des défauts ou des vices. Déformation, exagération, proche de la caricature.
Dénoncer et ridiculiser des comportements, des situations.
→ Les Caractères (J. de La Bruyère), La Ferme des animaux (G. Orwell)
Le registre fantastique
Suscite l'inquiétude, la peur, en mélangeant des éléments qui semblent réels et incroyables (monstres, fantômes)
Atmosphère de doute, de trouble, où le lecteur hésite entre une explication rationnelle et surnaturelle.
→ Le Horla (Maupassant), Le portrait de Dorian Gray (O. Wilde)
Le registre de la science-fiction
Récits qui présentent des concepts scientifiques et technologiques.
Mondes qui n'existent pas encore, mais qui pourraient exister dans le futur.
→ 1984 (G. Orwell), Vingt mille lieues sous les mers (J. Verne)
Le registre oratoire
Discours à fort impact sur les lecteurs.
Cherche à persuader, émouvoir, marquer les esprits par la puissance des mots.
→ Discours sur l’esclavage (V. Hugo), "I have a dream” (M. Luther King Jr.)
Le registre épidictique
Faire l'éloge (admiration) ou blâmer (dégoût).
Valoriser les qualités ou dénoncer les défauts de quelqu'un ou de quelque chose.
→ Discours sur la tombe de Jean Moulin (A. Malraux), Les Caractères (J. de La Bruyère)
Le registre didactique
Thème de la leçon, utilisé pour transmettre un enseignement.
Instruire le lecteur en donnant des informations claires et structurées.
→ Les Fables (J. de La Fontaine), Emile, ou De l’éducation (J.J Rousseau)
Un registre oublié : le burlesque

Apparaît principalement au XVIIe siècle.
Contexte : succès des parodies des modèles antiques
Paul Scarron ou Boileau détournent des œuvres célèbres
Ils amusent leur public tout en critiquant certains excès littéraires ou sociaux.
Repose sur un contraste entre le sujet et le style : traiter un sujet sérieux avec un style comique.
Provoque le rire : décalage entre fond et forme.
Souligne l’absurdité, le ridicule (situations ou personnages).
Sert à remettre en question les valeurs associées aux grands récits héroïques.
Invite à prendre du recul face aux récits héroïques et permet de transformer des histoires sérieuses en véritables comédies.
→ Le Virgile travesti (1648) de Scarron qui réécrit l’épopée latine L’Énéide en multipliant les situations grotesques et les expressions familières.