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4. Analyses linéaires

Le Menteur - Acte III - Scène 5 : analyse linéaire



Texte étudié

(...) Mais parle sous mon nom, c’est à moi de me taire.


Clarice

Êtes-vous là, Dorante ?


Dorante

Oui, Madame, c’est moi,

Qui veux vivre et mourir sous votre seule foi.


Lucrèce, à Clarice.

Il continue encore à te conter sa chance.


Clarice, à Lucrèce.

Il continue encore dans la même impudence : 

Mais m’aurait-il déjà reconnue à la voix ?


Cliton, à Dorante.

C’est elle, et je me rends, monsieur, à cette fois.


Dorante, à Clarice.

Oui, c’est moi, qui voudrais effacer de ma vie

Les jours que j’ai vécu sans vous avoir servie.

Que vivre sans vous voir est un sort rigoureux !

C’est ou ne vivre point, ou vivre malheureux,

C’est une longue mort, et pour moi, je confesse

Que pour vivre, il faut être esclave de Lucrèce.


Clarice, à Lucrèce.

Chère amie, il en conte à chacune à son tour.


Lucrèce, à Clarice.

Il aime à promener sa fourbe et son amour.


Dorante

À vos commandements j’apporte donc ma vie,

Trop heureux si pour vous elle m’était ravie,

Disposez-en, madame, et me dites en quoi

Vous avez résolu de vous servir de moi.

 

Clarice

Je vous voulais tantôt proposer quelque chose,

Mais il n’est plus besoin que je vous la propose,

Car elle est impossible.


Dorante

Impossible ! Ah ! pour vous

Je pourrai tout, Madame, en tous lieux, contre tous.


Clarice

Jusqu’à vous marier quand je sais que vous l’êtes ?


Dorante

Moi, marié ! Ce sont pièces qu’on vous a faites,

Quiconque vous l’a dit s’est voulu divertir.


Clarice, à Lucrèce.

Est-il un plus grand fourbe ?


Lucrèce, à Clarice.

Il ne sait que mentir.


Dorante

Je ne le fus jamais, et si par cette voie

On pense…


Clarice

Et vous pensez encor que je vous croie ?


Dorante

Que le foudre à vos yeux m’écrase si je mens.


Clarice

Un menteur est toujours prodigue de serments.


Dorante

Non, si vous avez eu pour moi quelque pensée

Qui sur ce faux rapport puisse être balancée,

Cessez d’être en balance, et de vous défier

De ce qu’il m’est aisé de vous justifier.


Clarice, à Lucrèce.

On dirait qu’il est vrai, tant son effronterie

Avec naïveté pousse une menterie.


P. Corneille, Le Menteur, (1644)



Introduction


  • Présentation de l'auteur, de l'œuvre et de l'extrait


Parue en 1644, Le Menteur est une comédie en vers de Pierre Corneille qui met en scène Dorante, un jeune homme habile à manier le mensonge pour séduire et se construire une image flatteuse. Contrairement aux autres personnages héroïques qui illustrent les tragédies de Corneille, Dorante est un personnage léger et rusé. Ses aventures reposent sur le comique de situation et de langage.



Deux comédiens interprétant une scène de la pièce de Corneille, Le Menteur

Dans l’Acte III, scène 5, Dorante se retrouve face à Clarisse, qu’il prend pour Lucrèce. C’est Clarisse qui lui a envoyé un billet pour lui demander de se présenter la nuit venue sous sa fenêtre. Clarisse se fait donc passer pour Lucrèce et va finir par prendre Dorante à son propre jeu.







Analyse générale du passage

Ce petit complément ne sera pas à restituer à l’oral : il te permet juste de situer le passage et d’en comprendre les enjeux avant d’aller plus loin dans l’analyse.


Dans cette scène centrale du Menteur, Corneille met en lumière toute la virtuosité et les limites du mensonge de Dorante. Le jeune homme, pris au piège de ses propres inventions, tente de séduire Clarice en multipliant les déclarations passionnées et les promesses galantes. Mais le comique naît précisément de ce décalage entre l’apparente sincérité du discours et la duplicité du personnage : ses tirades enflammées relèvent davantage de la rhétorique que du sentiment. Clarice et Lucrèce, loin d’être dupes, observent avec ironie ce séducteur qui se perd dans ses contradictions. À mesure que la scène progresse, le langage devient un champ de bataille : les mots, les serments et les dénégations s’enchaînent dans une véritable joute verbale où le mensonge se démasque de lui-même. Sous le rire, Corneille interroge ainsi la frontière entre vérité et illusion, sincérité et apparence, tout en offrant un portrait comique et lucide d’un menteur prisonnier de sa propre éloquence.



problématique


Comment cette scène illustre-t-elle à la fois l’art du mensonge chez Dorante et le jeu de manipulation entre les personnages ?





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