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3 - Entraînement

1984 - G. Orwell

Texte et question Orwel



Derrière Winston, la voix du télécran continuait à débiter des renseignements sur la fonte et sur le dépassement des prévisions pour le neuvième plan triennal. Le télécran recevait et transmettait simultanément. Il captait tous les sons émis par Winston au-dessus d’un chuchotement très bas. De plus, tant que Winston demeurait dans le champ de vision de la plaque de métal, il pouvait être vu aussi bien qu’entendu. Naturellement, il n’y avait pas moyen de savoir, si, à un moment donné, on était surveillé. Combien de fois, et suivant quel plan, la Police de la Pensée se branchait-elle sur une ligne individuelle quelconque personne ne pouvait le savoir. On pouvait même imaginer qu’elle surveillait tout le monde, constamment. Mais de toute façon, elle pouvait mettre une prise sur votre ligne chaque fois qu’elle le désirait. On devait vivre, on vivait, car l’habitude devient instinct, en admettant que tut son émis était entendu et que, sauf dans l’obscurité, tout mouvement était perçu.

      Winston restait le dos tourné au télécran. Bien qu’un dos, il le savait, pût être révélateur, c’était plus prudent. A un kilomètre, le ministère de la Vérité, où il travaillait, s’élevait vaste et blanc au-dessus du paysage sinistre. Voilà Londres, pensa t-il avec une sorte de vague de dégoût. Londres, capitale de la première région aérienne, la troisième, par le chiffre de sa population, des provinces de l’Océania. Il essaya d’extraire de sa mémoire quelque souvenir d’enfance qui lui indiquerait si Londres avait toujours été tout à fait comme il la voyait. Y avait-il toujours eu ces perspectives de maisons du XIXe siècle en ruine, ces murs étayés par des poutres, ce carton aux fenêtres pour remplacer les vitres, ces toits plâtrés de tôle ondulée, ces clôtures de jardin délabrées et penchées dans tous les sens ? Y avait-il eu toujours ces emplacements bombardés où la poussière de plâtre tourbillonnait, où l’épilobe grimpait sur des monceaux de décombres ? Et ces endroits où les bombes avaient dégagé un espace plus large et où avaient jailli de sordides colonies d’habitacles en bois semblables à des cabanes à lapins ? Mais c’était inutile, Winston n’arrivait pas à se souvenir. Rien ne lui restait de son enfance, hors une série de tableaux brillamment éclairés, sans arrière-plan et absolument inintelligibles.

      Le ministère de la Vérité - Miniver, en novlangue - frappait par sa différence avec les objets environnants. C’était une gigantesque construction pyramidale d béton d’un blanc éclatant. Elle étageait ses terrasses jusqu’à trois cents mètres de hauteur. De son poste d’observation, Winston pouvait encore déchiffrer sur la façade l’inscription artistique des trois slogans du parti.

 

LA GUERRE C’EST LA PAIX

LA LIBERTE C’EST L’ESCLAVAGE

L’IGNORANCE C’EST LA FORCE

 

 

  Que symbolise le télécran dans l'univers décrit ? Quelle critique de la société peut-on en déduire ?

  Comment Winston est-il présenté dans ce passage ? Quels indices montrent son inconfort face au système ?

  Pourquoi Winston ne peut-il pas se souvenir clairement de son enfance ? Qu'est-ce que cela révèle sur le contrôle exercé par le Parti ?

  Comment la description de Londres participe-t-elle à l'atmosphère du récit ? Quels sentiments cette description suscite-t-elle chez le lecteur ?

  Quelles sont les caractéristiques architecturales du ministère de la Vérité, et que représentent-elles dans le contexte du régime totalitaire ?

  Quelle contradiction trouve-t-on dans les slogans du Parti (« La guerre c’est la paix », etc.) ? Quelle est leur fonction dans ce système ?

  Quelle importance accordez-vous au regard que porte Winston sur son environnement ? Quelle vision du passé et du présent le texte met-il en évidence ?

  En quoi le thème de la surveillance omniprésente est-il central dans cet extrait ? Quels procédés renforcent cette idée dans la narration ?

  Pourquoi l'habitude est-elle décrite comme un instinct dans ce texte ? Que dit cela sur la condition humaine dans ce régime dystopique ?

 

 

  Que symbolise le télécran dans l'univers décrit ? Quelle critique de la société peut-on en déduire ? Le télécran symbolise le contrôle total exercé par le Parti sur la vie privée et publique des individus. Il illustre une critique des régimes totalitaires qui suppriment toute intimité et surveillent constamment leurs citoyens pour maintenir leur pouvoir.

  Comment Winston est-il présenté dans ce passage ? Quels indices montrent son inconfort face au système ? Winston est présenté comme un homme oppressé et lucide. Son geste de tourner le dos au télécran et sa pensée critique sur Londres montrent son malaise face à ce régime autoritaire, bien qu’il sache qu’il est surveillé.

  Pourquoi Winston ne peut-il pas se souvenir clairement de son enfance ? Qu'est-ce que cela révèle sur le contrôle exercé par le Parti ? L’effacement des souvenirs de Winston témoigne de la manipulation de l’Histoire par le Parti. En contrôlant la mémoire collective, le Parti prive les individus de repères pour mieux les soumettre.

  Comment la description de Londres participe-t-elle à l'atmosphère du récit ? Quels sentiments cette description suscite-t-elle chez le lecteur ? La description d’une ville délabrée, marquée par les ruines et la pauvreté, crée une atmosphère sombre et oppressante. Elle suscite chez le lecteur un sentiment de désolation et reflète les effets dévastateurs du régime sur la société.

  Quelles sont les caractéristiques architecturales du ministère de la Vérité, et que représentent-elles dans le contexte du régime totalitaire ? Le ministère de la Vérité est une pyramide imposante, symbole de la puissance écrasante et du contrôle absolu du Parti. Sa blancheur contraste avec les ruines environnantes, illustrant la domination du régime sur la population.

  Quelle contradiction trouve-t-on dans les slogans du Parti (« La guerre c’est la paix », etc.) ? Quelle est leur fonction dans ce système ? Les slogans contiennent des oxymores qui reflètent l’idéologie absurde du Parti. Leur fonction est de désorienter les citoyens et d'imposer la double pensée, obligeant à accepter simultanément deux idées contradictoires.

  Quelle importance accordez-vous au regard que porte Winston sur son environnement ? Quelle vision du passé et du présent le texte met-il en évidence ? Le regard critique de Winston sur son environnement met en évidence une vision désenchantée du présent et une nostalgie pour un passé qu’il ne peut clairement saisir. Cela souligne l’aliénation des individus face à un régime qui manipule la réalité.

  En quoi le thème de la surveillance omniprésente est-il central dans cet extrait ? Quels procédés renforcent cette idée dans la narration ? La surveillance omniprésente est centrale car elle incarne le contrôle totalitaire du Parti. Les phrases comme « on devait vivre [...] en admettant que tout son émis était entendu » traduisent cette oppression constante.

  Pourquoi l'habitude est-elle décrite comme un instinct dans ce texte ? Que dit cela sur la condition humaine dans ce régime dystopique ? Décrire l'habitude comme un instinct souligne la résignation des citoyens. Cela montre comment le régime annihile leur volonté et leur esprit critique, les réduisant à des êtres dociles et contrôlés.

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