Pour un oui ou pour un non : décryptage et résumé
- Stéphanie Mongenie
- 10 nov.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 nov.

📢 Ici, pas de grands décors, pas de coups d’épée, pas d’effusion d’amour…Juste deux amis qui se disputent… pour presque rien.
Et pourtant, tout se joue dans le ton, dans un mot, dans ce qu’on ne dit pas. Nathalie Sarraute nous fait découvrir que le langage est un champ de bataille. Là où Molière dénonçait les hypocrisies sociales, Sarraute décortique la violence de la parole moderne.
1. Qui est Nathalie Sarraute ?
Née en 1900, morte en 1999 → une vie traversée par tout le XXe siècle.
Romancière avant tout
Figure du Nouveau Roman
Elle s’intéresse à l’invisible : ce qui bouge sous les mots, les émotions minuscules… : elle appelle cela les « tropismes ».
🔎 Le point sur le Nouveau Roman
Le Nouveau Roman, apparu dans les années 1950, est souvent présenté comme un mouvement littéraire. Pourtant, il s’agit plutôt d’une tendance ou d’une évolution de la manière d’écrire, car chaque auteur (Robbe-Grillet, Butor, Sarraute, Duras…) conserve une approche très personnelle. Ce qui les unit, c’est surtout leur volonté commune de rompre avec les codes traditionnels du roman.
Les écrivains du Nouveau Roman rejettent la structure classique héritée du XIXᵉ siècle :
l’intrigue est souvent éclatée ou secondaire ;
les personnages n’ont plus de psychologie définie ;
la narration linéaire disparaît au profit d’une construction fragmentée ;
l’attention se porte sur les perceptions, les sensations et la subjectivité.
L’objectif n’est plus de raconter une histoire, mais de montrer comment elle se forme, comment elle prend vie à travers les mots et la conscience du narrateur.
📌 Les tropismes
Ce sont de micro-mouvements intérieurs, des réactions presque invisibles, avant même les mots :
une gêne
une intuition
une irritation
un malaise difficile à exprimer
Sarraute cherche à rendre visible l’invisible : les émotions et tensions qui se cachent sous une phrase ou un ton.
Sarraute se tourne tard vers le théâtre (années 60–80).
Un théâtre…
de la parole
de l’écoute
du sous-texte = ce qu’on comprend sans qu’on ne le dise
Ici, le silence parle autant que les répliques. La parole n’exprime pas que le sens des mots, mais aussi la relation entre les personnages.
2. De quoi parle Pour un oui ou pour un non ?
La pièce met en scène deux amis de longue date, simplement appelés H1 et H2. Ils discutent, d’abord tranquillement, jusqu’à ce qu’un souvenir refasse surface : une petite phrase prononcée autrefois par H1.
« C’est bien… ça. »
Rien de grave à première vue. Pourtant, ce ton légèrement détaché, presque condescendant, a profondément blessé H2. Il y a entendu une forme de mépris, un jugement implicite sur sa manière d’être. H1, lui, ne comprend pas : il ne voit pas où est le problème :
H.1 : Non mais vraiment, ce n’est pas une plaisanterie ? Tu parles sérieusement ?
Ce malentendu minuscule devient alors le point de départ d’une dispute interminable, où chaque mot est disséqué, interprété, retourné. Les deux amis tentent de s’expliquer, mais plus ils parlent, moins ils se comprennent. Le dialogue tourne en rond, et la conversation glisse peu à peu vers la rupture.
H.1 : C’est pour ça qu’avec moi, tu as pris des précautions... rien de voyant. Rien d’ouvert...
H.2 : On ne peut comprendre... « Rompt pour un oui ou pour un non... » Tu te rends compte ?
🧐 Ce qui se joue réellement
Sous cette querelle en apparence dérisoire, Sarraute explore des thèmes profonds et universels :
la fragilité des relations : une amitié construite sur des années peut vaciller à cause d’un simple mot.
la violence du langage : sans cris ni coups, les mots deviennent des armes qui blessent ou accusent.
la subjectivité du sens : chacun interprète les paroles de l’autre à travers son propre ressenti. Le même mot n’a pas la même valeur selon celui qui parle ou celui qui écoute.
la quête de vérité : les deux amis cherchent à savoir qui a raison, qui dit “vrai”. Mais la pièce montre qu’il n’existe pas une vérité unique — seulement des perceptions différentes, parfois irréconciliables.
Sarraute nous fait comprendre que le drame ne naît pas de grands événements, mais de ces minuscules décalages de ton qui fissurent les relations humaines.
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